C’est Marseille, Bébé !

Voyage en terre inconnue

Il y a quelques années, à cause d’une lentille de contact, je me retrouve avec un double abcès dans l’œil. Œil gauche ou œil droit, je ne sais plus, mais c’était le constat fait par les urgences de nuit de La Timone après une demi-nuit passée à envisager l’auto-énucléage à la cuillère à soupe, tellement j’avais l’impression de me frotter des parpaings dans l’œil (j’avais dépassé le stade de la sensation de sable depuis longtemps).

Et là, je vous vois déjà vous gratter la tête, l’air plus dubitatif que Mariah Carrey qui se verrait proposer une reprise de Jobi Joba : mais comment entend-elle nous raconter une histoire drôle à partir de là ? Alors drôle, je ne sais pas, mais gonflée, c’est clair.

Il y a quelques années, j’ai donc un double abcès à l’œil et en plus de devoir me mettre deux types de gouttes toutes les heures pendant quarante-huit heures, y-compris la nuit, sous peine d’envisager le même prothésiste que Samy Davis Junior ou Colombo, je dois me plier à un contrôle régulier de mon globe.

Pendant trois mois, je porte donc mes très très moches lunettes de myope sur mes yeux mono- maquillés : je pense plus que jamais frôler le ridicule jusqu’à ce que quelqu’un me dise qu’on ne voit pas tellement la différence – à se demander pourquoi je sacrifie 10mn d’un temps précieux tous les matins pour en arriver là. Même si, au final, je suis assez contente de ne pas frôler l’influenceuse à Dubai.

Deux mois et demie avant le terme de ce supplice, je m’enquiers donc de trouver un rendez-vous chez un ophtalmo. Et je n’apprends à personne que cette population, comme celle des dermatos, se fait plus rare que les apparitions de Goldman à la télévision – encore qu’on n’ait pas tellement besoin de Goldman à la télévision. Pour autant, et grâce à cette merveille de technologie qu’est Doctolib, je finis par en trouver un non loin de chez moi, aux Cinq Avenues, en bas du Parc Longchamp, un mercredi à 16h.

Ce jour-là, je pars à pied, légère un lycéen qui vient d’avoir son bac, à l’idée d’enfin retrouver mes lentilles et ma palette de maquillage. Je me présente à 15h55 comme une fleur chez mon nouveau praticien – dont je tairais le nom mais qui se trouve au 1bd du Jardin Zoologique dans le IVème à Marseille : j’ai encore dans l’idée d’être un minimum en avance pour ne pas perturber le flux de la patientèle. Et de me rendre compte, a posteriori, de la candeur d’une telle pensée. Mais voyez-vous, depuis que je suis rentrée, c’est mon premier rendez-vous avec un spécialiste local. C’est encore un voyage en terre inconnue, pour moi tant je ne connais pas encore les habitudes des médecins autochtones : je ne sais pas où je vais mettre les pieds, enfin, les yeux. Ou plutôt, où je ne vais pas les mettre…

Munie de mes papiers, je me fais connaître à l’accueil. Les réceptionnistes sont deux, alors que je n’ai pas l’impression d’être dans un cabinet médical. Je suis donc surprise de leur nombre, mais je vais vite comprendre pourquoi. En même temps que moi, un homme s’enregistre lui aussi et je crois deviner qu’il demande, visiblement prévoyant et/ou averti, s’il y a du retard. Et d’entendre, mais j’ai forcément mal compris, en guise de réponse : 2h45. 2h45 ? Oui, j’ai forcément mal compris…

Je demande à mon tour confirmation à l’une des jeunes femmes devant moi.

  • Oui, le docteur a 2h45 de retard.
  • Pardon ?
  • Mais c’est pas grave, vous pouvez aller faire des courses dans le quartier et revenir…

Belotte.

Alors déjà le retard en lui-même, soyons honnête : 2h45, c’est dépasser les bornes des limites, Maurice, c’est doubler ses rendez-vous, c’est prendre des gens qui n’ont rien à faire là, c’est limite faire de la retape dans la rue comme un restaurateur grec à St germain des Prés (désolée je n’ai pas d’équivalent local) : en clair, c’est ostensiblement se foutre de la gueule de ses patients. Et autant, je peux comprendre d’un gynéco obstétricien qu’il ait des urgences type accouchement prématuré à traiter, autant chez un ophtalmo, c’est quoi l’urgence ? Un gabian dans l’œil ? Un cas de strabisme subit suite à un coup de Mistral ? Et les urgences, c’est fait pour quoi ? Et .. pardon, je m’égarre.

Je disais donc, déjà le retard a de quoi vous faire sauter au plafond, mais alors l’aplomb avec lequel la réceptionniste me l’annonce et me propose d’aller m’occuper ailleurs, est à graver dans les manuels de répartie et autres concours d’éloquence. Masterclass. Aux championnats du monde de je m’en bats les couilles de la patientèle elle a dû faire deuxième ex-aequo (derrière son patron) en 2013, 2014 et 2016. Son aplomb aurait rendu jaloux n’importe quel leader politique, mais surtout Fillion en train de piquer dans la caisse.

Parce que bon, pour commencer, c’est pas toi, chérie, qui me dit si c’est grave ou pas grave d’avoir 2h45 à attendre. J’ai peut-être des rendez-vous à suivre ? (non) Des enfants à aller chercher (non plus) ? Un train à prendre ? (toujours pas). Un minimum de respect à exiger ? (oui). M’enfin, qu’est-ce que c’est que cette façon de botter en touche – et même pas en indirect alors que t’es pas dans tes 22, en plus… Deux heures 45mn c’est presque une demi-journée de travail pour moi : si je les facture à ton patron à mon tarif consultant sénior que je suis, c’est lui qui me doit de l’argent. Et pas qu’un peu.

Non mais.

Evidemment, je ne lui dis pas ça : après avoir repris mes esprits, je me contente d’envoyer bouler madame : si elle n’est pas responsable des retards de son patron, elle l’est, en revanche, du ton employé pour me l’annoncer.

Je pars de là, remontée comme un supporter de l’OM après un arrêt de deux heures dans un match finalement annulé contre Lyon, pardon, comme un supporter de l’OM après la décision de la Ligue suite à ce différend, prête à régler mes comptes sur Doctolib puisque, à l’instar d’Uber et Tripadvisor, le patient peut évaluer son praticien. Et si la case « durée du retard » a bien été prévue par les spécialistes de l’UX chez Doctolib, a priori, leur optimisme va avoir raison de mon cas : aucun d’entre eux n’a visiblement imaginé qu’un toubib puisse décemment avoir un retard de plus deux heures.

Entre temps, je remonte à Paris pour quelques rendez-vous et profite du déplacement pour montrer mon œil malade à mon ophtalmo de l’époque, qui me reçoit en temps et heure. Quitte à être là, je lui demande s’il ne serait pas judicieux de me faire opérer pour en finir avec les lentilles en particulier et la myopie en général.

  • Oh ben là, Madame, ce n’est plus trop la peine à votre âge, vous savez, vous n’allez pas tarder à être presbyte et vous allez devoir porter d’autres lunettes.

TU LA VOIS LA DATE DE PEREMPTION QUI APPARAIT SUR TON FRONT, LA ?

Rebelotte.

A deux doigts de me fâcher avec un deuxième ophtalmo en deux rendez-vous, et avant que le 10 de der ne me tombe sur le coin du nez sur lequel il y a encore pour l’instant mes lunettes, je quitte les lieux, pestant contre la médecine, la vieillerie, les spécialistes, eux, leurs familles et tous leurs morts.

« On ne lutte pas contre la force du destin ». Eschyle

Travailler, c’est trop dur

Travailler, c’est trop dur

Au risque de ma fâcher avec une partie de la population ici, je vais affirmer haut et fort que travailler à Paris et travailler à Marseille, c’est pas pareil. Et j’ai bien conscience d’enfoncer une sacrée porte ouverte en commençant ma chronique de la sorte.
Au risque de me fâcher avec une partie de la population, donc, oui, je le dis : je me demande comment ça se passe dans la tête de certains ici. Vraiment. Jugez plutôt.

Bougez avec la Poste

Bougez avec la Poste

En revenant habiter à Marseille, ce n’est pas tant avec l’administration en général que j’ai entamé une série de déboires, qu’avec la Poste en particulier. Et je me retiens de dire cette encatanée de ses morts de la Poste. D’abord parce que ce n’est pas mon genre de monter dans les tours rapidement (!). Ensuite… ben je ne sais pas… Parce que franchement, ça mérite.

Life vest under seat

Life vest under seat

Quelque part au milieu de 2014 je suis rentrée à Marseille et, allez savoir pourquoi, je sentais bien que vouloir redescendre à Marseille en ayant passé le début de ma vie d’adulte à Paris s’annoncerait, comment dirais-je… coton ? Pas piqué des vers ? Tarpin compliqué ? Putain qué pas facile ? Oui, voilà, putain qué pas facile.

En voiture, Simone !

En voiture, Simone !

Pour ceux qui ne l’auraient pas compris, en 2014, je suis rentrée à Marseille, après 22 ans passés à expliquer aux parisiens qui c’était dégun, pourquoi les tables des cafés péguaient et que non, pour les Rois, ton espèce de personnage en porcelaine de plastique, c’est pas une fève c’est un sujet. Sans succès.

Owe y’avait Roland Garros

Owe y’avait Roland Garros

J’ai eu mon premier client marseillais avant même de me réinstaller ici, voire de décider de rentrer, mais si on m’avait dit comment ça se passerait, croyez-moi que j’aurais décliné l’offre et pas qu’un peu. Mais, candide que j’étais, ça me faisait plaisir de mettre un peu un pied dans le sud de cette façon.

Nager en paix

Nager en paix

Alors que je nageais beaucoup à Paris, lorsque je suis arrivée à Marseille j’ai presque arrêté. Je ne vais pas vous faire un énième couplet sur les coutumes locales en matière de piscine : le comique de répétition, c’est comme l’accordéon, ça va bien cinq minutes. J’ajouterai simplement qu’en 2015, je n’étais pas encore prête psychologiquement à vendre mon dernier rein pour financer une année d’abonnement au Cercle des nageurs. Sans compter qu’à l’époque, je n’avais pas les deux parrains nécessaires au soutien de ma candidature à cette institution que je pensais particulièrement huppée (alors qu’au final…)

Je sais pas, j’ai pris n’importe quoi…

Je sais pas, j’ai pris n’importe quoi…

Ca fait maintenant quelques années que je n’achète plus de voiture : je les prends en leasing. Ce qui présente le double avantage de ne plus envisager de réparations (sauf quand je décide de vérifier que le pare-chocs du Range devant moi est vraiment aussi costaud qu’on le dit – et il l’est, je vous le confirme) et de changer de véhicule tous les trois ans.

2022 : Paye tes voeux !

2022 : Paye tes voeux !

Bonne année 2022Paye tes voeuxLes vœux, ça se souhaite entre le 1er et le 31 janvier. Ni après, ni avant : si après l’heure, c’est plus l’heure, avant l’heure, ça ne l’est pas non plus. Les vœux, ça se souhaite entre le 1er et le 31 janvier, mais rien n’empêche de les...

Non, je collerai pas les affiches…

Non, je collerai pas les affiches…

Jusqu’à la dernière présidentielle, je n’avais jamais fait de politique et clairement, à voir tous ces galimatias entre partis ou organisations ou influenceurs, tout ça me paraissait aussi nébuleux que la fin d’un David Lynch (au hasard Mulholland Drive). Sans compter qu’à part voter centre droit, j’avais du mal à aller techniquement au-delà de la navette parlementaire (qui n’a malheureusement rien à voir avec celle de Saint-Victor).

Saint-Charles, deux minutes d’arrêt.

Le premier été du Covid, en 2020, non seulement j’attrapai le Covid et ça m’avait obligée à rester chez moi 15 jours quand tout le monde redécouvrait le bonheur des bars, des restos et des plages après quatre mois de disette sociale, mais une fois sortie de mon isolement et ma désolation, je tournais vraiment en rond d’un point de vue sportif.

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