C’est Marseille, Bébé !
Mauvais Plan !
Quand j’ai enfin acheté un appartement ici après un an en location (le temps de me rendre compte qu’ici, c’était bien chez moi et c’était bien, ici chez moi), il a fallu que je me meuble. Ou plutôt, que je rajoute deux ou trois choses, vu que je venais de doubler ma surface d’habitation. Et pour ce qui est de meubler, vous avez compris que je savais faire… (humour de vendeur de canapés…)
Quand j’ai enfin acheté un appartement ici, je me suis dit que la déco « chalet nordique au bord des pistes » à base de bois blond, de blanc et de peau d’ours blanc, ça avait fait son temps. Et puis, quitte à habiter Miami Bitche, autant avoir une déco Miami Bitche.
Quand j’ai enfin acheté un appartement ici, une de mes amies parisiennes est venue passer 15 jours en Août et nous avons profité d’un jour où le soleil avait décidé de faire sa faignasse pour aller faire un peu de shopping déco.
C’était un dimanche et je vous le donne en mille, Brasserie Emile, sur ce qui allait devenir notre destination finale : Plan de Campagne. Un dimanche. Destination finale, je crois que c’est bien l’expression qui convient. Moi qui avais toujours crié que jamais ô grand jamais je ne mettrais les pieds à Plan de Campagne, a fortiori un dimanche. Jamais de la vie. J’avais beau avoir adopté la Marseille attitude avec les boules dans le coffre à côté du sac de plage à partir du mois de mai, j’avais beau collectionner les maillots de bain et envisager les maillots de l’OM en solde en fin de saison, Pan de Campagne, c’était NON. Plutôt aller me faire une soupe de fèves. Plutôt aller caguer à Endoume. Plutôt me jeter aux Goudes, tiens.
Et nous voilà donc à Plan de Campagne, un dimanche, en plein été. Même les nuages noirs qui viennent du Nord et colorent la terre, les lacs et les rivières nous faisaient comprendre que ce n’était pas une bonne idée. Et pourquoi pas Miramas (ou La Vallée Shopping) un premier samedi des soldes ? Ou la Valentchine la veille de la Noël ?
Surtout que lorsque je vais vous dire pourquoi nous sommes allées à Plan, vous allez vouloir me planter des cure-dents dans les yeux : c’est que, pour faire ma déco Miami Bitche, j’avais besoin d’une tonne de trucs en couleurs, si possible aussi flashy que du fuchsia, du vert anis et du bleu turquoise qui iraient magnifiquement bien avec mes murs fraîchement peints en bleu Paon ! Et c’est surtout que je n’avais pas l’intention d’y laisser mon deuxième rein. Et c’est enfin, parce qu’à cette époque, j’avais pour leitmotiv de trouver un flamant rose taille presque réelle pour aller avec tout ça. J’en profite pour m’excuser auprès de tous mes amis pour les avoir niflés pendant des semaines avec la con de ce flamand rose de ses morts.
Un dimanche à Plan, je suis donc allée chez… Babou. Si on devait donner une note de 1 à 10 sur l’échelle de la connerie à cette idée, je serais à 28. Ca confine au génie. Ca me donne envie de dire : ne reproduisez pas cette cascade tout seul. Laissez les professionnels la réaliser.
Babou, le dimanche, à Plan, en août… Pour situer les non régionaux de l’étape, non seulement c’est cafi de fadolis comme moi, mais c’est le festival du mauvais pantacourt et le musée du léopard premier degré… Les marseillais sur W9, à côté, c’est Droit de Réponse. Bref, Babou à Plan le dimanche, c’est rhhéné (terme dont je demande l’orthographe exacte à Mederic Gasquet Cyrus).
Et dans cette arène du grand n’importe quoi, deux finalistes masterclass se disputaient le titre cette année-là :
A ma gauche, 120 kg par personne mais habillés en 36, je vous présente la famille PRAF / BLC (plus rien à foutre / bat les couilles) : les parents quelque part dans le magasin alors que le niston se roule par terre sans que ça n’émeuve personne. Pour eux, ce dimanche, c’était barbecue merguez avec table et chaises de camping assorties, quelque part sur les plages du Prado par le 83, ou Babou. Le soleil ayant décliné l’invitation, ne restait que l’option fin de soldes à Babou : ce moment où le gérant envisage de te payer pour le débarrasser de ses parures de bain de la Reine de Neiges taille 16 ans.
Et à ma droite, tout juste sorties de la cité des Flamands (dans le 14eme) mais qui rêvent d’habiter Périer, les deux daronnes de 35 ans qui pestent contre la taille des tapis de bain :
- Mais ils sont bien petchits ces tapis de bain…
- Oh fan des pieds, mais vous êtes combien à prendre des douches en même temps chez toi ? Bon, ça me regarde pas non plus, ce que vous faites dans la salle de bain, fada.
Ca me donnait envie de me néguer dans un monaco un jour de match… contre Monaco, tiens, au hasard.
De mon côté, j’ai sillonné toutes les allées en essayant de trouver du plaid ou du coussin de bon goût, puisqu’il paraît qu’après 40 ans c’est l’occupation principale de toutes les maîtresses de maison qui se respectent (et comme je commence à en avoir marre de citer Foresti, je ne la citerai pas). Et que force a été de constater que, si je ne voulais pas revenir chez moi avec du SpiderMan, du Cars ou un imprimé jungle improbable dont pas même un daltonien n’aurait voulu, je n’étais pas au bon endroit. Pour le cas où mes premières approches avec l’autochtone ne m’auraient pas amené à cette conclusion : Babou, sauf exception, c’est pourri. Et je dis sauf exceptions parce que j’y ai quand même acheté un sacré nombre de trucs à une époque…
Nous nous sommes donc rapidement échappées de cet endroit maléfique pour finir chez un non moins grand réservoir à blagues : Leroy Merlin, dont les Histoires mériteraient un acte II. J’en mets même une majuscule, tiens.
Depuis, j’ai trouvé de la déco Miami Bitche un peu partout mais je me suis vite rendu compte que le rose fuchsia, au final, c’était pas ma couleur. (Non, vous ne ferez pas de commentaire)
Depuis, les flamants roses sont devenus à la mode, sauf que pour la raison du dessus (suivez un peu, merde…), je n’en avais plus envie.
Depuis, j’ai reconcocté mon univers scandinave, d’abord en bleu canard et doré puis j’ai fini par ne plus supporter le bleu que j’ai remplacé, murs inclus, par du noir. Et tant pis pour l’Estaque Beach.
“La bêtise humaine consiste à avoir beaucoup d’idées, mais des idées bêtes.”
Montherlant
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Travailler, c’est trop dur
Au risque de ma fâcher avec une partie de la population ici, je vais affirmer haut et fort que travailler à Paris et travailler à Marseille, c’est pas pareil. Et j’ai bien conscience d’enfoncer une sacrée porte ouverte en commençant ma chronique de la sorte.
Au risque de me fâcher avec une partie de la population, donc, oui, je le dis : je me demande comment ça se passe dans la tête de certains ici. Vraiment. Jugez plutôt.
Bougez avec la Poste
En revenant habiter à Marseille, ce n’est pas tant avec l’administration en général que j’ai entamé une série de déboires, qu’avec la Poste en particulier. Et je me retiens de dire cette encatanée de ses morts de la Poste. D’abord parce que ce n’est pas mon genre de monter dans les tours rapidement (!). Ensuite… ben je ne sais pas… Parce que franchement, ça mérite.
Life vest under seat
Quelque part au milieu de 2014 je suis rentrée à Marseille et, allez savoir pourquoi, je sentais bien que vouloir redescendre à Marseille en ayant passé le début de ma vie d’adulte à Paris s’annoncerait, comment dirais-je… coton ? Pas piqué des vers ? Tarpin compliqué ? Putain qué pas facile ? Oui, voilà, putain qué pas facile.
En voiture, Simone !
Pour ceux qui ne l’auraient pas compris, en 2014, je suis rentrée à Marseille, après 22 ans passés à expliquer aux parisiens qui c’était dégun, pourquoi les tables des cafés péguaient et que non, pour les Rois, ton espèce de personnage en porcelaine de plastique, c’est pas une fève c’est un sujet. Sans succès.
Owe y’avait Roland Garros
J’ai eu mon premier client marseillais avant même de me réinstaller ici, voire de décider de rentrer, mais si on m’avait dit comment ça se passerait, croyez-moi que j’aurais décliné l’offre et pas qu’un peu. Mais, candide que j’étais, ça me faisait plaisir de mettre un peu un pied dans le sud de cette façon.
Nager en paix
Alors que je nageais beaucoup à Paris, lorsque je suis arrivée à Marseille j’ai presque arrêté. Je ne vais pas vous faire un énième couplet sur les coutumes locales en matière de piscine : le comique de répétition, c’est comme l’accordéon, ça va bien cinq minutes. J’ajouterai simplement qu’en 2015, je n’étais pas encore prête psychologiquement à vendre mon dernier rein pour financer une année d’abonnement au Cercle des nageurs. Sans compter qu’à l’époque, je n’avais pas les deux parrains nécessaires au soutien de ma candidature à cette institution que je pensais particulièrement huppée (alors qu’au final…)
Je sais pas, j’ai pris n’importe quoi…
Ca fait maintenant quelques années que je n’achète plus de voiture : je les prends en leasing. Ce qui présente le double avantage de ne plus envisager de réparations (sauf quand je décide de vérifier que le pare-chocs du Range devant moi est vraiment aussi costaud qu’on le dit – et il l’est, je vous le confirme) et de changer de véhicule tous les trois ans.
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Il y a quelques années, à cause d’une lentille de contact, je me retrouve avec un double abcès dans l’œil. Œil gauche ou œil droit, je ne sais plus, mais c’était le constat fait par les urgences de nuit de La Timone après une demi-nuit passée à envisager l’auto-énucléage à la cuillère à soupe, tellement j’avais l’impression de me frotter des parpaings dans l’œil (j’avais dépassé le stade de la sensation de sable depuis longtemps).
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