Le jour où je suis suis passée à l’hybride
Ca faisait plus de dix ans que je roulais au diesel et ce pour deux raisons : d’abord parce que le carburant était beaucoup moins cher. En tout cas, à l’époque. Ensuite, parce que, en faisant peu de kilomètres, les leasings étaient beaucoup plus intéressants que pour les véhicules à essence. En tout cas à l’époque aussi.
Ca faisait donc plus de dix ans que je roulais en diesel et pour qui est en train de monter une boîte dédiée au développement durable (pour ceux à qui ça aurait échappé), c’était à peu près aussi pertinent qu’un Polanski césarisé en pleine crise du #meetoo.
Ca faisait donc plus de dix ans que je roulais en diesel lorsque, au moment de rendre le véhicule après trois ans de leasing, je me décidai à conformer un peu plus mes moyens à mes ambitions de consultance verte.
Je ne me suis pas très longtemps posé la question du tout électrique : au vu du nombre de bornes installées sur le territoire, aussi éparses qu’un vrai cheveu sur la tête de Marc Olivier Faugiel, j’aurais vite fait de me retrouver en rade au bord de la route, gilet jaune sur le dos. Et avec le bol qui me caractérise, je me serais fait plein d’amis qui auraient installé un barrage et un barbecue pour faire cuire les merguez. Doumé, remets un pastaga à la dame. Non, pas question. J’ai donc choisi l’hybride. Bon. Restait à savoir quel modèle.
Sur le point de quitter un X1 de BMW, je ne me voyais pas non plus retourner chez Renault. Enfin, connaissant les systèmes de leasing chez Volvo et Mercedes, j’ai assez vite abandonné ces pistes. Je me suis donc rendue chez Lexus. Quelle ne fut pas ma surprise de voir que le modèle qui pouvait m’intéresser atteignait des loyers aussi astronomiques que le cours du gel hydroalcoolique en pleine crise du coronavirus. Et qu’au prix de ce que j’avais décidé de mettre, je n’avais droit qu’à un ersatz de Golf. Sans âme. Sans sel. Sans poivre. N’ayant donc pas envie, ni les moyens, de débourser l’équivalent d’une chambre de bonne en plein centre d’Aix tous les mois, il me restait une possibilité chez Toyota : le C-HR. C-HR, les trois premières lettres de mon nom de famille, c’aurait pu être bien, non ? Bah, au final il est encore pire de près que de loin : en m’approchant j’ai failli m’empaler sur un phare. Sans compter que le look Dragon Ball Z, j’avais déjà plus l’âge quand c’est sorti à la TV, alors c’était pas pour me le fader 30 ans plus tard.
Bref, bien décidée à me secouer le coco, je suis donc retournée chez BMW, voir si l’herbe était plus verte, même si j’avais juré mes plus grands dieux que plus jamais on me prendrait à raquer 50 € tous les mois pour un GPS qui ne connait même pas la rue Sainte. Et le concessionnaire de me proposer, à un tarif dans mes cordes, une série 2 touring, hybride rechargeable 225 CV. Wahou, la classe à Dallais.
J’ai donc passé ma commande et je suis allée siffler là-haut sur la colline, je l’ai attendue non pas avec un petit bouquet d’églantine mais munie de mon chéquier et de mon RIB. Zai zai zai zai.
Las, c’était le début des déconvenues. Tout d’abord lorsque j’ai appelé sur place mon assurance, histoire d’être en accord avec la marée-chaussée, ils n’ont pas trouvé le modèle. En tout cas pas tout de suite. J’aurais dû me méfier. Y voir un signe. Tout arrêter pendant qu’il était encore temps. C’était sans compter sur mon côté un peu testard.
Ensuite est venu le moment de démarrer un véhicule qui ne fait aucun bruit : est-ce que j’avais mis le contact ? Ou est-ce que j’étais seulement en roue libre (enfin, plus que d’habitude) ?
Deux jours plus tard je suis partie pour une réunion à Salon de Provence (45 minutes par l’autoroute depuis Marseille). Et j’ai fait connaissance avec ma consommation d’essence. On n’avait pas encore été présentées toutes les deux jusque là, mais quelle entrée fracassante n’a-t-elle pas fait dans ma vie : j’avais descendu le quart du réservoir. Pardon ? Un quart du réservoir pour faire un aller et retour à Salon ? En quelle année ? Même avec une Traban mal réglée, j’aurais sûrement mis moins. C’est à ce moment-là que je me suis souvenue des 225 chevaux, qui ont commencé à tourner sur leur manège dans ma tête en ricanant, pendant que moi je poussais un sifflement digne des meilleures cafetières italiennes.
Passons, lorsque je serai en électrique, tout ça ne sera qu’une bonne vieille blague.
Ah tu aimes les blagues ? Eh bien je vais t’en donner, du comique de répétition, alors : trois semaines plus tard, une fois la prise électrique installée sur ma place de parking, j’ai démarré un soir après avoir chargé la voiture toute la journée pour aller chez mon chéri. En actionnant le mode 100% électrique, que m’annonce mon tableau de bord ? Une autonomie de…. 25km. Plait-il ? j’ai du mal charger ? Il manque un chiffre ? Un 1 devant ou un 0 derrière ?
Comme l’humour n’est pas ce qui caractérise le plus le peuple allemand en général et ses constructeurs automobiles en particulier, j’ai donc dû me rendre à la triste réalité : 25km. Soit. Au bord du nervousse breakdaoun, je suis partie chez mon chéri, sans forcément actionner le mode ECO (oui, à 41 patates, la BMW dispose de trois modes de conduite : sport, confort ou éco). Et de m’apercevoir que même les 25 kilomètres n’étaient qu’une tentative onirique – en clair : dans mes rêves, les 25km. En effet, arrivée chez Monsieur, le compteur n’affichait plus que 3km alors que je n’en avais roulé que 10. Même si t’es pas Cedric Vilani en mathématiques, tu vois bien qu’il y a un problème.
Renseignements pris, BMW annonce une autonomie de 30km quand le temps de recharge est maximal et qu’il fait une température clémente (à 41k elle se permet en plus d’être douillette), si on roule à 125km/h (je vous laisse imaginer le nombre d’essais qu’ils ont du faire pour arriver à ce chiffre).
Mais dites-moi, Monsieur BMW, est-ce que je ne me serais pas un peu fait enfler dans cette histoire ? Est-ce que, par hasard, on m’aurait pas raconté des galéjades sur l’hybride ? Est-ce que tu m’aurais pas pris pour un jambon ?
Même si je suis restée colère pendant quelques temps, aujourd’hui, j’ai pris mon parti de l’hybride rechargeable – pas comme si j’avais le choix pendant trois ans, cela dit. D’abord, en me rendant compte que le réservoir ne comptait que 40 litres et non pas 65 comme mon ancien X1, ce qui rendait le ¼ du réservoir pour Salon moins assassin déjà. Et surtout en apprenant à conduire en mode ECO : au lieu de laisser la moitié du pneu en démarrant au feu vert, j’ai commencé à moins rouler comme une dératée et mon nouveau jeu est devenu « comment me rapprocher des 28km annoncés » (oui, j’ai gagné 3km avec les beaux jours). En gros, j’étais devenue une mémée. Ca valait vraiment le coup de prendre une bagnole à 225 CV…
J’attends cependant avec impatience la note d’électricité que je réclame à cor et à cri au syndic depuis l’installation de la prise sur ma place de parking. M’est avis que ce sera l’Acte III Scène II. Le grand final. Le moment où le fils tue le père. L’hara-kiri. La fin des haricots. Sodome et Gomorre. La chute de Pompéi. Apocalypse now.
Cela dit, « Il vaut mieux être le dindon de la farce que la farce du dindon. »
Yvan Audouard.
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