C’est Marseille, Bébé !

Charger la mule

Un jour j’ai commencé à prendre conscience de l’évolution de notre planète et après avoir trouvé qu’elle filait trop de mauvais coton pas bio, je suis devenue écolo.

Un jour je suis devenue écolo, mais écolo modérée, hein : si j’étais convaincue qu’il fallait agir, je ne forçais personne à échanger son baril d’Ariel contre deux pains de savon de Marseille. Donc j’ai agi et ai changé pas mal de mes habitudes, à commencer par rouler en hybride, parce que tu comprends, opter pour un véhicule électrique à Marseille, au vu du peu de bornes de recharge à disposition en ville ou dans les parkings publics, c’est plus risqué que se balader en string ailleurs que dans le Marais vers 2h du matin. Surtout si t’es un homme.

Un jour, je suis devenue écolo et après trois ans d’hybride rechargeable à pester contre les 30km d’autonomie (ce qui me permet de vous renvoyer vers une autre chronique), je suis passée à l’électrique, aussi facilement qu’un Obélix qui se serait enfin vu proposer de la potion magique. C’est qu’au-delà du charme que peuvent déployer les sirènes de l’anti-pollution, il s’est aussi agi, et presque surtout, d’une question de porte-monnaie : une Mini Cooper S électrique en leasing, c’est 310 euros par mois sans apport, soit le loyer d’une Clio thermique. Niveau choix, c’est vite vu.

Je vous passe les différentes étapes du choix du véhicule, de sa réservation sans même être montée dedans, de son retard de livraison, de sa récupération à Avignon, non seulement, parce que ce n’est pas le propos, mais parce que je me rends compte que ça pourrait faire l’objet d’une sacrée chronique aussi. Non, le problème, ce n’est pas le véhicule en lui-même, mais son usage. Encore qu’avec une Tesla, cette chronique n’existerait peut-être pas.

Bref.

Dimanche, je suis invitée par mon ami et associé François pour fêter son anniversaire et son retour dans sa maison après que son ex est partie en emportant la moitié des meubles jusqu’au rouleau à pâtisserie. Et précision ultime : François habite à Saint-Martin de Crau, à 1h10 de Marseille.

Samedi soir, alors que je suis en train de dîner avec des amis au sortir d’une merveilleuse journée bateau dans les calanques, j’annonce que le lendemain je suis invitée à Dache et qu’il ne faut pas que j’oublie de brancher la voiture « Sinon, c’est pas compliqué, je ne peux pas y aller ».

Dimanche matin, je me réveille vers 9h30 et mes esprits vaguement retrouvés, je bondis hors du lit : sa bisaïeule la fille de joie, j’ai pas branché la voiture en rentrant. La mèche collée au front à coup de bave et de rimmel, je descends au parking en pyjama, en tongs et en quatrième vitesse pour filer à manger à ce nouveau genre de Tamagoshi. Et d’envoyer un message à mon François sur la situation, lui précisant que si je ne pouvais pas me brancher chez lui, je ne pourrais plus rentrer chez moi.

Vers 12h15 je pars avec 122 km d’autonomie annoncés : pour faire les 77km réels qui m’attendent, ça devrait être bon.

Pendant le trajet, je passe mon temps à surveiller le compteur des kilomètres écoulés, celui du GPS avec les kilomètres restants et le compteur de kilomètres soit-disant restants et de me rendre compte ce que je subodorais déjà : sur autoroute ou en ville, c’est pas pareil. C’est que, contrairement à un véhicule thermique, la consommation d’une électrique est pleine de surprises. En gros pour limiter les dégâts, il faut rouler à 105km max et sans clim. Merci François de ne pas être né en juillet…

Au bout de quelques kilomètres je m’oblige à rouler normalement parce que petit 1, du temps où les radars n’étaient pas légion je me suis entendue dire à mon copilote sur un Paris-Marseille « Reprends le volant, au-dessus de 210, j’y arrive pas » et je pense que je n’ai pas besoin de développer plus, petit 2, il faudrait quand même voir ce que ça donne, de rouler normalement, petit 3, j’ai pas acheté une Mini Cooper S pour rouler comme Tatie Yeta en Méhari et petit 4, alors quoi, on n’a pas suffisamment de stress dans la vie, pour s’en coller un de plus sur l’autonomie limitée d’un véhicule ?

J’arrive finalement chez François et je ne suis pas encore dans la maison que déjà j’emmerde tout le monde : pour me brancher il faut que je sois un minimum proche de l’entrée et deux voitures me gênent. Un premier invité ressort pour me céder sa place, François m’amène une rallonge et je branche ma charrette. Bonjour bonjour, c’est moi la connasse… Il est 13h15. Il me reste 29km. Et là, tu peux essayer de tordre les chiffres dans tous les sens comme Dupont-Aignan en pleine campagne présidentielle : 122-77, ça ne fera jamais 29. J’avais prévu large. Il fallait plutôt que je prévoie très large.

  • « Y’a les pizzas dans le four et mon compteur EDF est limité, m’annonce François. Je peux pas te brancher de suite».

Rien qu’à écrire cette phrase, je sais déjà que j’ai basculé dans la quatrième dimension.

Deux boulettes de couscous plus tard, vers 15h, alors que l’auto était enfin raccordée au secteur, François m’annonce que le chargeur clignote en rouge. Et là aussi, pas besoin d’avoir fait Supélec pour savoir qu’un témoin rouge qui clignote, c’est jamais bon signe. Je ramène ma fraise. Débranche la fiche côté voiture. Rebranche. Rien. Débranche la prise côté secteur. Rebranche. Pas mieux. Et je me vois en train de dormir là. Rater mon taf le lendemain (alors que je suis mon propre boss et que je n’ai pas de rendez-vous, qu’est-ce que je m’en fous). Bref, c’est la panique. Je ne réfléchis plus. J’ai envie de crever dans une chenille qui redémarre à la convention du Rassemblement National. Je débranche et rebranche à nouveau et contrairement à cette fameuse phrase d’Einstein qui dit que refaire sans cesse la même chose en escomptant un résultat différent, c’est la définition même de la bêtise, le chargeur finit par se remettre d’aplomb sans que je ne sache vraiment ni pourquoi ni comment. Mais je respire à nouveau. Où est mon verre ?

Sur les coups des 17h, je regarde quand même l’évolution des travaux : 39km. Soit 10km par heure. J’ai connu des papys en Epahd qui allaient plus vite avec leur déambulateur.

A 18h00, 49km s’affichent, ce qui est plutôt normal compte tenu de l’état des lieux précédent. Sauf, que, toujours en voulant tordre les chiffres dans tous les sens, je me rends compte qu’il faut attendre encore 5h et donc partir vers 23h pour espérer rentrer sans problème. Alors, j’aime beaucoup François, sa fille et sa copine, et ils n’auraient certainement pas été contre garder la SDF de la route que j’étais en train de devenir, mais il n’était pas complètement dans mes intentions d’emménager à St Martin.

Je m’enquiers donc de trouver un super chargeur dans le coin et par bonheur, il y en a un à un kilomètre de là. Encore faut-il qu’il soit accessible au public. Encore faut-il que je puisse me connecter. Est-ce qu’on est encore dans la Métropole, au moins, ici ? Oui, me dit-on dans l’oreillette… Mon autre ami et associé Cyril m’amène donc jusqu’à la station de recharge (j’allais dire la pompe) afin d’en repérer l’accessibilité : s’agirait pas de ruiner deux kilomètres pour rien, non plus. Sur place, la borne est accessible. Et disponible. Reste à savoir si la carte qu’elle demande est compatible avec la mienne, ce que je ne peux pas savoir sans brancher la voiture.

Nous rentrons. Je prends ma Mini Cooper SE et je file sur place : maintenant que je sais que c’est au moins accessible, je peux me payer le super luxe de perdre 10mn de ma vie : quitte à dormir chez François ce soir, autant que ce soit en ayant tout essayé.

La borne me propose trois connecteurs. Je branche celui qui m’a l’air de correspondre le mieux à ma prise. On dirait que la carte est acceptée. Préparation de la charge… Erreur de charge. Retour de la bisaïeule la fille de joie. Je débranche ? Rebranche. Recommence. Idem. Cette fois, Einstein a raison.

Je finis par me dire que c’est peut-être le connecteur qui n’est pas adapté mais comme l’autre est plus court, je change la voiture de sens (vous sentez le soupir, là, ou pas ?) pour mettre la trappe au plus près. Je rebranche. Remets la carte. Et je prie. Dieu, la Nature, La Grand Architecte de l’Univers. Saint-Christophe (saint patron des conducteurs). Nikolas Tesla. Sainte Rita (patronne des causes désespérée). Suspens… « Pleine charge dans 19mn ».

Mazel tov ! Si j’avais eu un verre en cristal, je l’aurais écrasé sous mon pied, tant pis si c’est pas un mariage. Je saute de joie, préviens François que ça fonctionne. J’envoie des textos à mon chéri. Passe le temps. Me rends compte qu’ils ont tout prévu dans le coin : la borne est à côté d’un Ibis Budget. Si jamais tu sais pas quoi faire pendant la charge, et si tu ne te contentes pas de l’arrière de la Mini, tu peux aller câliner pépouze dans une chambre pour 60 euros (80 si vous êtes 4, c’est vous qui voyez).

Quinze minutes plus tard, à 75% de la charge totale, je plie bagage, rejoins les autres : allez hop, champagne !

Je finis par repartir, un tantinet soulagée d’avoir réglé le problème en moins de temps que ce que les adages l’annonçaient

Reste une inconnue dans cette équation : la facturation de cette remontada (vous n’aviez pas quand même pas cru que ce serait gratuit ?)

 

« Partir, c’est crever un pneu » Coluche.

 

PS 1 / j’imagine que je viens d’en décourager pas mal de se lancer dans l’achat d’un véhicule électrique. A ceux-là, je réponds : une mini, sauf en deuxième véhicule, c’est clairement pas la bonne idée. En revanche, n’importe quelle vraie électrique avec 400km d’autonomie réelle minimum, ça peut valoir le coup.

PS2 / Aux mauvaises langues marseillaises du fond (toujours les mêmes, je vais finir par lancer une enquête), qui pourraient gueuler encore que cette histoire aurait très bien se passer à Paris, qu’il faut arrêter le Marseille Bashing et si t’ies pas contente, t’ias qu’à y retourner, à Paris, que là-haut c’est des piches et que, tiens remets moi un fly, René, allez l’OM. Bon, ça y est, t’as fini ta crise ? Alors, non, ça n’aurait pas pu se passer à Paris en fait. Parce qu’à Paris, vous voyez, le type qui habite à 77km, vous n’y allez pas pour un barbecue le dimanche midi, vous y allez pour y passer le week-end : quitte à passer 2H30 minimum dans les bouchons, autant être au vert pendant deux jours. Et je vous passe le concept du parisien de base qui prend déjà son passeport pour passer le périph : pour aller aussi loin, il est à deux doigts de faire ses rappels de vaccins.

 

 

Bougez avec la Poste

Bougez avec la Poste

En revenant habiter à Marseille, ce n’est pas tant avec l’administration en général que j’ai entamé une série de déboires, qu’avec la Poste en particulier. Et je me retiens de dire cette encatanée de ses morts de la Poste. D’abord parce que ce n’est pas mon genre de monter dans les tours rapidement (!). Ensuite… ben je ne sais pas… Parce que franchement, ça mérite.

Life vest under seat

Life vest under seat

Quelque part au milieu de 2014 je suis rentrée à Marseille et, allez savoir pourquoi, je sentais bien que vouloir redescendre à Marseille en ayant passé le début de ma vie d’adulte à Paris s’annoncerait, comment dirais-je… coton ? Pas piqué des vers ? Tarpin compliqué ? Putain qué pas facile ? Oui, voilà, putain qué pas facile.

En voiture, Simone !

En voiture, Simone !

Pour ceux qui ne l’auraient pas compris, en 2014, je suis rentrée à Marseille, après 22 ans passés à expliquer aux parisiens qui c’était dégun, pourquoi les tables des cafés péguaient et que non, pour les Rois, ton espèce de personnage en porcelaine de plastique, c’est pas une fève c’est un sujet. Sans succès.

Owe y’avait Roland Garros

Owe y’avait Roland Garros

J’ai eu mon premier client marseillais avant même de me réinstaller ici, voire de décider de rentrer, mais si on m’avait dit comment ça se passerait, croyez-moi que j’aurais décliné l’offre et pas qu’un peu. Mais, candide que j’étais, ça me faisait plaisir de mettre un peu un pied dans le sud de cette façon.

Nager en paix

Nager en paix

Alors que je nageais beaucoup à Paris, lorsque je suis arrivée à Marseille j’ai presque arrêté. Je ne vais pas vous faire un énième couplet sur les coutumes locales en matière de piscine : le comique de répétition, c’est comme l’accordéon, ça va bien cinq minutes. J’ajouterai simplement qu’en 2015, je n’étais pas encore prête psychologiquement à vendre mon dernier rein pour financer une année d’abonnement au Cercle des nageurs. Sans compter qu’à l’époque, je n’avais pas les deux parrains nécessaires au soutien de ma candidature à cette institution que je pensais particulièrement huppée (alors qu’au final…)

Je sais pas, j’ai pris n’importe quoi…

Je sais pas, j’ai pris n’importe quoi…

Ca fait maintenant quelques années que je n’achète plus de voiture : je les prends en leasing. Ce qui présente le double avantage de ne plus envisager de réparations (sauf quand je décide de vérifier que le pare-chocs du Range devant moi est vraiment aussi costaud qu’on le dit – et il l’est, je vous le confirme) et de changer de véhicule tous les trois ans.

Voyage en terre inconnue

Voyage en terre inconnue

Il y a quelques années, à cause d’une lentille de contact, je me retrouve avec un double abcès dans l’œil. Œil gauche ou œil droit, je ne sais plus, mais c’était le constat fait par les urgences de nuit de La Timone après une demi-nuit passée à envisager l’auto-énucléage à la cuillère à soupe, tellement j’avais l’impression de me frotter des parpaings dans l’œil (j’avais dépassé le stade de la sensation de sable depuis longtemps).

2022 : Paye tes voeux !

2022 : Paye tes voeux !

Bonne année 2022Paye tes voeuxLes vœux, ça se souhaite entre le 1er et le 31 janvier. Ni après, ni avant : si après l’heure, c’est plus l’heure, avant l’heure, ça ne l’est pas non plus. Les vœux, ça se souhaite entre le 1er et le 31 janvier, mais rien n’empêche de les...

Non, je collerai pas les affiches…

Non, je collerai pas les affiches…

Jusqu’à la dernière présidentielle, je n’avais jamais fait de politique et clairement, à voir tous ces galimatias entre partis ou organisations ou influenceurs, tout ça me paraissait aussi nébuleux que la fin d’un David Lynch (au hasard Mulholland Drive). Sans compter qu’à part voter centre droit, j’avais du mal à aller techniquement au-delà de la navette parlementaire (qui n’a malheureusement rien à voir avec celle de Saint-Victor).

Saint-Charles, deux minutes d’arrêt.

Le premier été du Covid, en 2020, non seulement j’attrapai le Covid et ça m’avait obligée à rester chez moi 15 jours quand tout le monde redécouvrait le bonheur des bars, des restos et des plages après quatre mois de disette sociale, mais une fois sortie de mon isolement et ma désolation, je tournais vraiment en rond d’un point de vue sportif.

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